Sale temps pour les moineaux ? Depuis quelques années, le passereau semble avoir du plomb dans l’aile. Remembrement agricole, pesticides, possibilités réduites de nicher en ville, prédominance d’autres prédateurs… À toutes ces raisons, invoquées pour justifier la régression de cet oiseau commun sous nos latitudes, il faudra peut-être ajouter les champs électromagnétiques. Une étude publiée il y a peu par deux chercheurs de l’Inbo, Institut flamand de recherche pour la nature et la forêt, jette un sérieux trouble à ce sujet.
« Nos résultats indiquent clairement que la variation spatiale entre les lieux de prélèvement du nombre de moineaux domestiques mâles a été liée négativement à la force des champs électriques émis par les stations de bas de GSM, explique le biologiste Joris Everaert. Cette relation est semblable parmi les secteurs d’étude. Nos données prouvent que peu de moineaux domestiques mâles ont été vus aux endroits caractérisés par des valeurs relativement élevées de force de champ électrique des stations de base GSM. » L’exposition à long terme à certains niveaux de rayonnement affecterait donc l’abondance ou le comportement des moineaux domestiques dans la nature. Et cela, à des niveaux relativement bas par rapport aux normes en vigueur : la plupart des mesures étaient inférieures à 1 volt par mètre.
« Nous constatons une réduction des moineaux qui va jusqu’à 75 % dans les localisations où l’on mesure 0,4 à 0,5 volt par mètre en comparaison à des endroits où les champs sont évalués à 0,1 à 0,2 v/m », précise Joris Everaert.
Les insectes dégustent aussi
Faut-il s’alarmer ? Très prudents, les chercheurs belges précisent que leur corrélation ne doit pas être comprise comme un rapport de cause à effet. « Néanmoins, le fait que nous ayons trouvé un modèle semblable dans chacun des six secteurs renforce la possibilité que ce rapport n’est pas faux, note Joris Everaert. Notre étude doit être considérée comme préliminaire et confirmée par d’autres recherches… »
Inquiétants, ces résultats font écho à d’autres études menées sur l’impact des ondes sur la vie sauvage. Voici deux ans, l’étude « Balmori », en Espagne, établissait une corrélation entre le degré de fertilité des cigognes blanches et leur niveau d’exposition à des rayonnements électromagnétiques. L’étude belge pointe enfin que la téléphonie mobile peut engendrer une diminution de 50 à 60 % de la capacité de reproduction des insectes. Or, le manque d’invertébrés est suggéré comme une autre raison du déclin des moineaux en ville…
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