RTE, Réseau de transport d'électricité, projette de reconstruire une ligne très haute tension entre Lille et Arras. Un parcours d'une trentaine de kilomètres soumis au débat public. Avec de l'électricité dans l'air ?
Comment ça, vous n'êtes pas au courant ? RTE envisage très sérieusement de renforcer la ligne électrique 400 000 volts qui court actuellement entre le poste d'Avelin au sud de Lille et celui de Gavrelle au nord-est d'Arras. Soit un parcours d'une trentaine de kilomètres, empruntant le territoire d'une vingtaine de communes à travers des secteurs aussi divers que la Pévèle, le bassin minier et l'Arrageois.
Pourtant, une ligne de 400 000 volts relie déjà les deux postes. Ce dont ne disconvient pas Gaëtan Desquilbet, directeur de projet chez RTE : « Oui, une ligne existe déjà mais elle date de 1963. L'idée, c'est qu'elle transporte davantage de courant. Notre projet, c'est d'installer deux lignes sur le même pylône. » Une augmentation de capacité qui répond à deux constats. D'après RTE, la ligne actuelle « est le maillon le plus faible du réseau de grand transport d'électricité du nord de la France ». Autrement dit, elle ne pourra faire face au développement des nouveaux sites de production électrique et surtout à l'augmentation des échanges d'énergie avec nos voisins européens.
66,6 milliardsde watts-heure
C'est que le courant passe avec nos amis frontaliers. Chaque année, la France exporte 66,6 milliards de watts-heure et en importe 37,1.
Selon la période de l'année, voire l'heure dans la journée, d'importants flux d'électricité sont échangés avec nos voisins immédiats. Dans un sens ou dans l'autre. Pour permettre ces échanges, il faut des lignes à 400 000 volts.
« Chaque année, la France est exportatrice d'électricité, souligne Michel Giacobino, président de la commission particulière du débat public pour ce projet. D'une manière générale, la région Nord - Pas-de-Calais produit plus d'énergie électrique qu'elle n'en consomme. L'essentiel de la production part alimenter la région parisienne. » Bref, pour caricaturer, la ligne actuelle ne sera bientôt plus assez grosse pour livrer tout le monde.
Le projet de RTE est donc d'augmenter la capacité de cette autoroute à courant électrique. Petit hic, les pylônes actuels de 40 mètres de haut et de 27 mètres d'envergure (au plus large) doivent être remplacés par d'autres de 50 mètres de haut et de 33 mètres d'envergure. « Quel que soit l'itinéraire emprunté, reprend Gaëtan Desquilbet, on estime qu'une soixantaine de ces pylônes seront nécessaires. »
Quant au parcours, il n'est pas encore gravé dans le marbre. La variante Ouest longe l'autoroute A1 et la ligne TGV. La variante Est reprend l'itinéraire de l'actuelle ligne à 400 000 volts. Aucune des deux n'est parfaite. Les deux tracés passent à proximité de zones d'habitat dense et d'espaces naturels... À Camphin-en-Carembault, le premier adjoint parle d'ores et déjà de « nuisance insupportable ».
De 70 à 460 millions d'euros
D'où l'idée (un peu candide ?) d'enfouir tout ou partie de la ligne. Une perspective qui fait franchement frémir le représentant de RTE : « Nous avons estimé le projet à 70 millions d'euros pour la variante la moins chère (celle qui reprend le tracé actuel). Si nous devions enfouir la totalité de la ligne, on en serait à un investissement de 460 millions d'euros. Et c'est franchement hors de question de mettre une somme pareille. » Sauf que le débat public est ouvert jusqu'à début 2012 (lire ci-contre). Par ce truchement, les citoyens intéressés pourront faire des propositions pour des enfouissements au moins partiels. À RTE ensuite de prendre la décision de concrétiser le projet ou pas. Quoi qu'il en soit, le chantier ne devrait pas démarrer avant 2016 pour une mise en service en 2017. Si le courant passe…. Lire l’article…